La question du logement social se pose à Châteaulin pendant une grande
partie du XXe siècle. Dans l’entre-deux-guerres, c’est l’initiative privée
qui tente d’y répondre.
Dès 1920, M. Galès, de Kerlobret, expose à ses concitoyens les avantages
de la loi Ribot du 10 avril 1908 et prône "la maison salubre et à bon
marché avec champ ou jardin potager".
Il fonde en janvier 1925 la Familiale, Société anonyme coopérative, à
capital variable, d’habitations à bon marché de Châteaulin, qui a pour
vocation de "combattre les taudis et la vie chère, favoriser chaque
famille en lui procurant une parcelle de terre avec une maison salubre et
à bon marché, dont sortira le plus grand bien".
La première et seule réalisation de cette société, animée par des figures
locales comme Jean Le Doaré et Émile Brissieux, consiste à lotir des
champs situés à Pennarun (aujourd’hui rue Jean Galès), avec un réel succès
puisque, dès 1930, vingt et un des vingt-cinq lots sont bâtis.
Cependant, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la population de
Châteaulin doit faire face à une grave crise du logement.
De nombreuses déclarations d’habitants font état de familles de 4
personnes et plus confinées dans une ou deux pièces dépourvues du confort
le plus élémentaire.
La municipalité dirigée à partir de 1944 par le maire SFIO Hervé Mao
1913-1987) y voit « le problème social n° 1 » et entreprend de résoudre ce
problème de l’habitat populaire.
C’est d’abord l’acquisition pour 3 286 500 F d’un terrain de quelques 11
000 m2 à Prat-Guivarch et la constitution sous le patronage de la
municipalité d’une société coopérative pour la construction de maisons à
bon marché, la Châteaulinoise, ouverte à vingt-cinq actionnaires (tirés au
sort parmi 40 candidats). Ce lotissement communal – baptisé par la suite
cité Jean Jaurès – est approuvé par arrêté préfectoral du 1er mars 1951
et, dès le 2 mai, on pose la première pierre des 25 maisons identiques
devant composer la cité.
Trois ans plus tard, le conseil municipal récidive en décidant, par
délibération du 11 mai 1954, la création, au lieu-dit Plaç ar Foar, d’un
nouveau lotissement destiné à la construction d’habitations à bon marché,
réservées en priorité au personnel du futur lycée qui s’élève à proximité.
Jean de Jaegher, un des architectes de la reconstruction de Brest, en
dessine le projet en juillet.
Le permis de construire est délivré le 17 février 1955 pour la
construction de trente maisons de type F5 et de seize maisons de type F4,
au nom de la Société civile immobilière Cité de l’Aulne.
Le chantier s’achève en février 1957. Le programme est complété dans la
foulée par la réalisation de quarante logements supplémentaires hébergés
dans deux barres HLM d’ampleur très moyenne (R + 4)
Le même architecte réalisera sur le même principe (20 logements collectifs
et 6 maisons individuelles) la cité Notre-Dame en 1962-1969, et encore
deux autres immeubles collectifs totalisant quarante logements à Parc
Bian, pour l’office public départemental HLM en 1966-1969.
Au moment où la cité de l’Aulne voit le jour, la Société coopérative la
Cité Parmentier, émanation du syndicat de sélection des plants de pommes
de terre, construit à Kerlobret, au-dessus de la RN 787, 13 maisons
individuelles de quatre pièces, d’une surface de 73,99 m2, conçues par la
Coopérative d’habitat rural du Finistère et des Côtes-du-Nord, basée à
En 1969-1970, sur l’ancienne emprise ferroviaire de la rive gauche, le
"lotissement communal à caractère social" de Kerjean voit le jour pour le
compte de la Ruche finistérienne, société anonyme coopérative d’HLM.
Les plans de ses 20 pavillons sont dressés par le bureau d’études P.
Tromeur, de Fouesnant.
Une deuxième tranche de 8 pavillons sera livrée en 1971.
Ces différentes réalisations se distinguent des lotissements privés
contemporains par une architecture économique et normative, ne laissant
pas la place à la moindre originalité individuelle.
Il en va encore de même du lotissement communal de Pennarun (1972, 23
lots).
En revanche, les lotissements communaux de la fin du XXe et du début du
XXIe siècle présentent une architecture plus diversifiée : Quimill (1986,
9 lots), Parc Bihan (1987, 7 lots), Kerhuel à Ty Carré (1991, 28 lots),
Quimill-résidence Louise Michel (1995, 16 lots), Les Hermines, rue du
Laëzron (1996, 13 lots), rue Paul Gauguin-résidence Olympe de Gouges
(2002, 12 lots), résidence Anita Conti (2004, 15 lots).
En 1950, la commune de Châteaulin acquière, pour 3 286 500 Francs,
plusieurs parcelles (n° 603p, 604p et 605p, section C), au lieu-dit
Prat-Guivarc'h pour le compte de la Société Coopérative "La
Châteaulinoise".
La construction de 25 maisons sur un terrain de 10 955 m² est validée par
arrêté préfectoral du 1er mars 1951.
Les travaux sont confiés à MM. Quillévéré et Autret, entrepreneurs à
Pleyben et Cadet, entrepreneur à Châteaulin pour un montant approximatif
de 44 MF.
Les points précisés dans le cahier des charges ont valeur d'actualité :
Art. 6 : Les constructions seront implantées conformément au plan prévu.
De part et d’autre e la voie de desserte elles seront groupées par bandes
de 6 maisons. Deux autres maisons mitoyennes d’un côté seront construites
en bordure de la voie d’accès à partir de la RN 170.
Chaque maison présentera intérieurement une longueur de 9m50, et une
largeur de 7m50.
Art. 13 : Les constructions seront conçues dans le style du pays.
Tout postiche (sic) d’une architecture étrangère à la région est interdit.
Les matériaux de remplissage notamment les briques creuses et les
agglomérés ne pourront rester apparents sur les parements extérieurs des
murs de la construction principale ni des bâtiments annexes.
Les enduits seront de la onalité du mortier naturel.
Sont interdites les imitations de matériaux, telles que fausses pierres,
faux moellons, faux pans de bois, fausses briques, faux marbres, etc.
Les façades latérales et postérieures des constructions seront traitées
avec le même soin que les façades principales et en harmonie avec elles.
La première pierre est posée le 2 mai 1951 et l'inauguration a lieu le 28 juin 1952.